En 68, c'est finalement l'argent qui a calmé les ardeurs, permettant à l'organisation structurelle de la France de rester intacte. C'est là le grand échec de 68, d'avoir été incapable de retranscrire durablement les bouleversements des consciences dans les structures de la société. L'absence de démocratie a perduré au travers d'une Constitution inchangée, tout comme les rapports de dominations économiques, sociaux, politiques et sexués.
Dans le mouvement universitaire fort de 2009 (les universités, qui n'avaient été bloquées qu'un mois en 68, le sont depuis trois mois aujourd'hui), nous courons le même risque. En effet, cette fois ci ce n'est pas avec des augmentations de salaires et des congés payés que les dirigeants apaiseront les esprits, mais par une simple concession sur leurs ambitions, voire pire, en attendant que le mouvement s'asphyxie de lui-même, épuisé par sa durée et déchiré par des conflits internes. Recul ou asphyxie, dans les deux cas la forme structurelle perdurera et l'Université dont nous rêvons sera toujours aussi absente de nos vies qu'auparavant.
C'est pourquoi, si nous sommes nombreux à être séduits par les actions de terrain (manifestations, militantisme, blocages, etc.), nous ne devons pas oublier de nous unir autour d'un projet plus ambitieux que le conservatisme et oser la réflexion dans le sens de l'initiative. C'est de cette volonté qu'est né le projet de Lyon Zéro.
Nous souhaitons transposer les débats théoriques sur les UFR autogérés en application pratique par la rédaction de statuts de fonctionnement pour une université alternative nommée Lyon Zéro.
Nous pensons que l'université de nos rêves doit être pérenne et s'émanciper des mouvements contestataires éphémères. Pour y parvenir, elle doit être reconnue officiellement (accord du statut étudiant à ses participants) et être soutenue matériellement. Une fois donc les statuts finalisés, connus et soutenus par la communauté universitaire, nous irons les présenter à la présidence de notre université afin qu'elle prenne ses dispositions en ce sens.
L'objectif n'est pas de réformer le modèle universitaire de façon arbitraire comme s'y essaye le gouvernement, mais de créer en son sein un espace alternatif, pour rendre le choix possible.
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L'initiative Lyon Zéro a été présentée publiquement pour la première fois à l'Assemblée Générale étudiante de Lyon 2 sur le campus des Quais, qui réunissait environ 400 étudiant-e-s, le 5 mai 2009.
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En réponse à l'article rédigé par Cafébabel et reprit par Presseurop.eu : nous tenons à préciser que Lyon Zéro n'a jamais cherché à s'inscrire dans l'idéologie anarchiste, même si certains peuvent voir dans notre fonctionnement des similitudes avec ce courant de pensée, ni dans une quelconque forme d'idéologie ou de tendance politiques.
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